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Voiture du futur : les 3 enjeux des constructeurs / La Tribune (05/01/15)

E-citoyenneté, e-administration, open data, e-santé, formation des écoliers au code et des fonctionnaires aux techniques d’innovation par le design thinking… l’Estonie, petit pays par sa taille mais grand par sa capacité à se transformer grâce au numérique, s’affiche comme un pays modèle.

2015 sera-t-elle l’année de la mise en service de l’automobile sans conducteur et connectée ? Outre que de nombreuses contraintes techniques et sécuritaires restent encore à lever, il n’empêche que Google vient d’annoncer que son véhicule autonome, la Google Car, va être testé sur circuit avant un possible essai en ville courant 2015. En lançant, dès 2010, la conception de son projet de voiture entièrement automatique et connectée, Google a créé le buzz en poussant les autres constructeurs à s’engager sur la route de la voiture connectée. Ce défi technologique cache plusieurs enjeux qui vont bouleverser l’écosystème de l’automobile.


La voiture connectée, nouveau canal de la relation client
Le premier enjeu de l’automobile du futur est lié à la capacité des constructeurs à exploiter l’énorme masse de données en provenance de leurs clients. La voiture de demain fera le plein de capteurs embarqués qui généreront des milliers de données géolocalisées. Ce « big data embarqué » transformera chaque véhicule en un nouveau canal commercial relationnel direct entre son propriétaire, le constructeur ainsi que tous les opérateurs qui, de près ou de loin, contribuent à la mobilité (sociétés d’autoroutes, pétroliers, gestionnaires de parkings, …). L'ordinateur de bord, directement relié au web et géolocalisé, sera à l’origine de cette nouvelle relation commerciale via des offres de services personnalisés liés à la voiture, à son conducteur et … à ses envies. Ces dernières trouvant une réponse immédiate dans la vente de contenus en ligne ; qu’ils soient ludiques, liés à la sécurité ou à des services pratiques (conciergerie personnalisée…). Ces nouveaux services ainsi que les futurs partenariats industriels associés dépendront au final de la capacité des constructeurs à exploiter cette masse de données.


La bataille du contrôle de l'écran embarqué
Le deuxième enjeu pour les constructeurs automobiles porte sur leur positionnement dans la chaîne de valeur de la voiture connectée. En signant avec les géants du web ou en développant leurs propres plates-formes propriétaires sur le modèle des « stores » Apple ou Android (Renault R-Link, Citroën Multicity Connect, Peugeot Connected Apps ou encore BMW Connected Drive…), les constructeurs ont intégré qu’au centre de la voiture connectée les technologies déjà présentes dans les smartphones auront une place croissante. Ecrans multimédias tactile, réseau 4G, reconnaissance vocale, hub Wi-Fi à bord…bref, la voiture de demain devient un objet connecté à part entière, sauf qu’à la différence d’une tablette ou d’un téléphone, il bouge et émet en permanence des milliers d’informations qui peuvent potentiellement se transformer en de nouvelles sources de revenus grâce aux services et applications proposées.


De la voiture à l’offre mobilité
« Les Français aiment la bagnole », déclarait Georges Pompidou au début des années 1970. Aujourd’hui, les constructeurs doivent faire face à un nouvel enjeu : celui de leur transformation en fournisseurs de mobilités. Avec l’accroissement de la population mondiale vivant dans les villes, les constructeurs d'automobiles ont bien compris que la place, l’usage et le statut de la voiture changeaient. Outre que la composante utilitaire de l’acte d’achat a pris le dessus, les jeunes générations ont un rapport tout autre avec la voiture, cet objet de consommation comme un autre. Il suffit de rappeler qu’en France, le covoitureur type est âgé de 35 ans et que les moins de 30 ans représentent à peine 10 % des clients des constructeurs.


En développant de nouveaux partenariats avec des opérateurs d’autopartage, de covoiturage ou des fournisseurs de bornes de recharges électriques, les constructeurs se sont engagés sur la voie nouvelle qui consiste à vendre de la mobilité plutôt qu’un véhicule (MU by Peugeot, Citroën Multicity…). Ce changement de modèle est le résultat d’un constat : à côté des réseaux de transports publics collectifs (métros, tramways, bus…), les citadins peuvent opter pour de nouveaux modes de transports plus souples et plus économiques (covoiturage, autopartage, vélos en libre-service…). Ce sont ces nouveaux modes de déplacement fondés sur une mise à disposition plutôt que sur la possession qui feront progressivement basculer l’automobile d’un marché de production à un marché de services de mobilités.