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Mon royaume pour un smartphone (21/01/17)

Après avoir conquis la planète, l’avenir du smarphone passera par des appareils dotés de systèmes d’intelligence artificielle toujours plus perfectionnés.

A quelques mois d’intervalle, deux informations sont venues conforter l’idée que le smartphone fait désormais durablement partie de nos vies connectées. Il y eu d’abord la confirmation que la planète compte autant de cartes SIM que d’habitants, soit près de 7,4 milliards si l’on s’en tient au seul décompte de la population mondiale de l’ONU. Et puis, il y a peu, le fait qu’internet soit officiellement devenu majoritairement mobile actant ainsi que la majorité des consultations sur internet se fait désormais via un smartphone ou une tablette, et non plus seulement au moyen d’un ordinateur.

Ces deux nouvelles combinées ne surprennent qu'à moitié. En effet, l'exceptionnelle croissance des ventes de smartphones depuis 2007 et le décollage du marché des tablettes depuis 2010 expliquent cette connexion permanente et cette bascule vers l’internet mobile alors que, dans le même temps, les ventes de PC n'ont cessé de reculer. Pour l’avenir, le poids du mobile dans les usages internet devrait encore s'accélérer du fait du déploiement de la 4 et 5G, qui permettront de surfer toujours plus vite, et du nombre toujours plus important d’objets connectés (on estime que d’ici à 2020, presque 10% des cartes SIM serviront à connecter des objets entre eux).

Objet culte

Alors que l’I-Phone vient de fêter ses 10 ans (Apple a vendu 1 milliard d’appareils depuis le lancement de l'iPhone à l'été 2007), le smartphone a bouleversé notre quotidien. En devenant ce nouveau « couteau suisse » de nos vies, régulant notre travail, nos loisirs, nos voyages et même notre santé… ce concentré d’innovation est devenu un objet culte. Grâce à lui, jamais les Hommes ne se sont autant parlés (sans pour autant mieux se comprendre….), jamais il n’a été aussi simple d’avoir accès tous les savoirs et, au passage, revers de la médaille, de contracter de nouvelles formes d’addictions marquées par des formes de consultations compulsives.  « Cet obscur désir de l'objet smartphone », comme aurait pu l’écrire Roland Barthes, nous permettant d’éprouver des sensations que l’on pensait réservées aux légendes : don d’ubiquité (le monde du smartphone est un monde sans lieu) ou encore mise en scène de soi au moyen de la mode des selfies. Le smartphone  fait tellement partie de nos vies que tous les industriels repensent leurs produits pour les adapter aux nouvelles demandes de leurs clients connectés habitués à piloter et orchestrer leurs vies grâce à ces petits objets faits de plastique, de métal et de silicium. Ainsi en est-il de l’automobile, de la santé, des loisirs, du travail ou encore des transports.

Bientôt, l’utilisation de nouveau matériaux et les capacités accrues d’interprétation des signaux électriques du corps humain ouvriront la voie au fait que ce sera notre corps lui-même qui deviendra connecté et que nous pourrons peut-être nous passer de ces appareils. L’hyperhumanisme tel que prophétisé par le scientifique et prospectiviste, Joël de Rosnay, n’est peut-être pas si éloigné de cette vision d’une « intelligence augmentée de nos cerveaux interconnectés en symbiose avec les robots, l’intelligence artificielle et les réseaux numériques. »

Innovation incrémentale

En attendant cet organisme hybride, mi-humain, mi-machine, les fabricants de smartphones doivent faire preuve d’un sursaut d’innovations pour faire redécoller leurs ventes. Ces objets qui ont fait la richesse des Apple et autres Samsung et le déclin d’autres sociétés, en leurs temps leaders, tels que Nokia ou Blackberry doivent sans cesse se réinventer et proposer toujours plus d’innovations autres que celles de l’abandon de la fiche « jack » du dernier IPhone 7 tel que proposé à l'automne dernier. L’heure est désormais à l’innovation incrémentale. Pour cela, toutes les marques savent qu’elles doivent faire de leurs produits des assistants personnels dotés d’une véritable intelligence artificielle. Jamais le mot « smart » n’aura pris à ce point tout son sens quand les futurs logiciels qui équiperont par défaut ces appareils seront dotés de formidables capacités de « machine learning », de reconnaissance vocale, bien plus perfectionnés que Siri, ou de système d’intelligence artificielle connectés avec tous les objets de notre quotidien.

Nous tiendrons alors entre nos mains des objets encore plus indispensables qu’ils ne le sont déjà. Tel Richard III dans la pièce de William Shakespeare nous pourrons alors dire « Mon royaume pour un cheval ! » ou plutôt « My kingdom for a smartphone ! ».