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J’aime mon robot (05/03/17)

J’aime mon robot

313 voix « pour », 285 voix « contre » et 20 absentions. Tel est le résultat du vote qui a eu lieu le 27 janvier dernier à Strasbourg à l’occasion d’une séance du Parlement européen dont l’ordre du jour appelait la discussion d’un rapport sur les règles de droit civil sur la robotique. Présenté par l’eurodéputée luxembourgeoise Mady Delvaux, l’interminable énoncé des considérants (pas moins de 35 éléments de préambule étant donné la complexité du sujet…) plante le décor de cette nouvelle révolution industrielle que constitue la robotique. Rappelant que « les ventes de robots ont augmenté en moyenne de  17 % par an » et que nous nous trouvons « à l’aube d’une ère où les robots, les algorithmes intelligents, les androïdes et les autres formes d’intelligence artificielle, de plus en plus sophistiqués, semblent être sur le point de déclencher … de profonds bouleversements de société », l’élément phare de ce rapport consistant en la proposition d’une taxe sur les robots qui viendrait supporter le scénario catastrophe d’une hausse redoutée du chômage. Une telle idée également défendue par le fondateur de Microsoft, Bill Gates, expliquant que cet «impôt robot» permettrait de compenser la perte des emplois au regard des gains de productivité.

 

Au-delà de ces considérations économiques sur l’impact de la robotisation sur l’emploi, ce rapport, et c’est une première, propose aux Etats membres d’adopter toute une série de mesures juridiques et  éthiques allant de la création de « nouvelles catégories juridiques permettant d’encadrer l’autonomie croissante des machines »  jusqu’à la « définition de principes éthiques fondamentaux à respecter lors de la conception, la programmation et l’utilisation de robots et d’intelligences artificielles dans le but de façonner la révolution technologique pour qu’elle soit au service de l’humanité». Si l’on doit se réjouir de voir apparaitre des règles en matière de robotique, la dimension de ce texte va plus loin lorsqu’il souligne « qu’il convient d’accorder une attention toute particulière à la relation émotionnelle qui peut se  développer entre l’homme et les machines, notamment chez les personnes vulnérables. » Au fond, la question posée en arrière plan est bien celle de savoir si l’on peut / doit laisser un être humain s’éprendre d’un robot ? Autant on conçoit aisément qu’un code éthique s’impose aux concepteurs de ces machines afin que ces derniers respectent la fragilité humaine, tant physique que psychologique, autant on peut s’interroger s’il faut rédiger une charte anti-dépendance émotionnelle destinée à empêcher les Hommes de tisser des liens amicaux, voire amoureux, avec leurs robots.

 

Le cinéma n’a pas attendu ce genre de questionnement pour imaginer un être humain tomber amoureux d’une machine. C’est même le cœur de l’intrigue du film HER dans lequel Theodore Twombly, interprété par l’acteur Joaquin Phoenix, fait l'acquisition d'un programme d’intelligence artificielle capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. C’est en communiquant de plus en plus intimement avec « Samantha », système d’exploitation, que le personnage en arrive à éprouver de véritables sentiments pour cet « être » sans doute par ailleurs occupé à déployer ses mêmes attentions à destination de milliers d’autres clients. Bien sûr, et dans les cas visés par ce rapport du Parlement européen il n’y a personne derrière la carcasse de ces logiciels ou de ces robots mais est-ce une raison suffisante pour décourager toute forme d’affection ou d’amour d’un être humain à l’égard d’une machine ?

Là où l’humain a besoin de la machine pour rompre sa solitude (maison pour personnes âgées), être assisté (hôpitaux) ou pour progresser (écoles), les robots (de plus en plus souvent dotés d’une apparence humaine) commencent à faire partie du quotidien. Ils sont déjà aimés en tant que compagnons fidèles au service et à la dévotion d’êtres humains. A l’instar du petit livre de Romain Gary, Gros Câlin, dans lequel un homme vit le parfait amour avec son python, on doit laisser aimer un être illusoire, dusse t-il être entièrement artificiel comme un robot. Finalement, une idée pour actualiser et ajouter un quatrième principe à la Loi d’Asimov sur la robotique : Un robot peut être aimé par un être humain.

 

http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//NONSGML+REPORT+A8-2017-0005+0+DOC+PDF+V0//FR

https://qz.com/911968/bill-gates-the-robot-that-takes-your-job-should-pay-taxes/

http://www.oecd.org/fr/emploi/emp/La-num%C3%A9risation-r%C3%A9duit-la-demande-de-t%C3%A2ches-manuelles-et-r%C3%A9p%C3%A9titives.pdf

http://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-jour-ou-mon-robot-m-aimera-9782226318954

 

http://information.tv5monde.com/info/vieillissement-les-robots-arrivent-en-maison-de-retraite-146992

http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/des-robots-humanoides-accueillent-les-patients-dans-deux-hopitaux-belges-13-06-2016-5880597.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_lois_de_la_robotique

313 voix « pour », 285 voix « contre » et 20 absentions. Tel est le résultat du vote qui a eu lieu le 27 janvier dernier à Strasbourg à l’occasion d’une séance du Parlement européen dont l’ordre du jour appelait la discussion d’un rapport sur les règles de droit civil sur la robotique. Présenté par l’eurodéputée luxembourgeoise Mady Delvaux, l’interminable énoncé des considérants (pas moins de 35 éléments de préambule étant donné la complexité du sujet…) plante le décor de cette nouvelle révolution industrielle que constitue la robotique. Rappelant que « les ventes de robots ont augmenté en moyenne de  17 % par an » et que nous nous trouvons « à l’aube d’une ère où les robots, les algorithmes intelligents, les androïdes et les autres formes d’intelligence artificielle, de plus en plus sophistiqués, semblent être sur le point de déclencher … de profonds bouleversements de société », l’élément phare de ce rapport consistant en la proposition d’une taxe sur les robots qui viendrait supporter le scénario catastrophe d’une hausse redoutée du chômage. Une telle idée également défendue par le fondateur de Microsoft, Bill Gates, expliquant que cet «impôt robot» permettrait de compenser la perte des emplois au regard des gains de productivité.

Au-delà de ces considérations économiques sur l’impact de la robotisation sur l’emploi, ce rapport, et c’est une première, propose aux Etats membres d’adopter toute une série de mesures juridiques et  éthiques allant de la création de « nouvelles catégories juridiques permettant d’encadrer l’autonomie croissante des machines »  jusqu’à la « définition de principes éthiques fondamentaux à respecter lors de la conception, la programmation et l’utilisation de robots et d’intelligences artificielles dans le but de façonner la révolution technologique pour qu’elle soit au service de l’humanité». Si l’on doit se réjouir de voir apparaitre des règles en matière de robotique, la dimension de ce texte va plus loin lorsqu’il souligne « qu’il convient d’accorder une attention toute particulière à la relation émotionnelle qui peut se  développer entre l’homme et les machines, notamment chez les personnes vulnérables. » Au fond, la question posée en arrière plan est bien celle de savoir si l’on peut / doit laisser un être humain s’éprendre d’un robot ? Autant on conçoit aisément qu’un code éthique s’impose aux concepteurs de ces machines afin que ces derniers respectent la fragilité humaine, tant physique que psychologique, autant on peut s’interroger s’il faut rédiger une charte anti-dépendance émotionnelle destinée à empêcher les Hommes de tisser des liens amicaux, voire amoureux, avec leurs robots.

Le cinéma n’a pas attendu ce genre de questionnement pour imaginer un être humain tomber amoureux d’une machine. C’est même le cœur de l’intrigue du film HER dans lequel Theodore Twombly, interprété par l’acteur Joaquin Phoenix, fait l'acquisition d'un programme d’intelligence artificielle capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. C’est en communiquant de plus en plus intimement avec « Samantha », système d’exploitation, que le personnage en arrive à éprouver de véritables sentiments pour cet « être » sans doute par ailleurs occupé à déployer ses mêmes attentions à destination de milliers d’autres clients. Bien sûr, et dans les cas visés par ce rapport du Parlement européen il n’y a personne derrière la carcasse de ces logiciels ou de ces robots mais est-ce une raison suffisante pour décourager toute forme d’affection ou d’amour d’un être humain à l’égard d’une machine ?

Là où l’humain a besoin de la machine pour rompre sa solitude (maison pour personnes âgées), être assisté (hôpitaux) ou pour progresser (écoles), les robots (de plus en plus souvent dotés d’une apparence humaine) commencent à faire partie du quotidien. Ils sont déjà aimés en tant que compagnons fidèles au service et à la dévotion d’êtres humains. A l’instar du petit livre de Romain Gary, Gros Câlin, dans lequel un homme vit le parfait amour avec son python, on doit laisser aimer un être illusoire, dusse t-il être entièrement artificiel comme un robot. Finalement, une idée pour actualiser et ajouter un quatrième principe à la Loi d’Asimov sur la robotique : Un robot peut être aimé par un être humain.