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Et surtout l'e-santé ! - LinkedIn (31/01/16)

Le 31 janvier marque la fin de la traditionnelle période des vœux où l’on se souhaite bonheur, réussite et santé. Dans le secteur de la santé, si le numérique bouleverse déjà la médecine, il pourrait bien aussi transformer la vie.

La dernière édition du CES de Las Vegas, le salon mondial des nouvelles technologies, a tenu ses promesses. Au-delà des logiciels de réalité virtuelle et autres imprimantes 3D, un grand nombre d’innovations d’e-santé ont été présentées : casque connecté qui favorise la repousse des cheveux, matelas qui mesure la qualité du sommeil, glucomètre et tensiomètre connectés … sans parler des « wearables », ces objets, là encore connectés, qui nous informent en permanence sur notre état de santé. Grâce à ces nouveaux outils technologiques, nous sommes entrés dans l’ère du « quantified self » (la mesure de soi) qui nous permet de mesurer notre forme et de disposer d’un flot d’informations personnelles sur notre état physique et psychique.

Ubériser la médecine
Ces sujets prometteurs d’e-santé n’ont pas échappé aux Facebook et autres Google qui y consacrent déjà des sommes colossales. Pour ces géants de l’internet, il s’agit d’inventer une médicine plus personnelle grâce aux très nombreuses données collectées. Cette nouvelle médecine numérique existe déjà. Avec Google Fit, carnet de santé personnel destiné à collecter toutes les données de santé d’un individu et transmettre ces informations vers des serveurs via les objets ou les vêtements connectés, le rôle du médecin ne sera plus le même. Il ne sera plus seulement ce professionnel en charge du thérapeutique, il aura en charge le prédictif de son patient. Le médecin de demain consultera toutes les informations qui lui parviendront ; à charge pour lui de décider, s’il perçoit des indicateurs anormaux, d’appeler ses patients pour vérifier leur état physique. Sur la base de ces millions d’informations personnelles, il deviendra possible d’établir des bases de données permettant d’établir des corrélations entre des signes précurseurs détectés et la survenance de telle ou telle maladie au regard de l’état physique et du patrimoine génétique des individus. Le médecin - mais également, et pour des raisons plus mercantiles, l’assureur - se transformant alors en « conseiller de santé et de vie ».

Cette nouvelle vision de la médecine où le savoir - donc le pouvoir- transite par de nouveaux intermédiaires (objets connectés, start-up et grands groupes de l’internet) n’est pas sans inquiéter les professionnels de la santé. Dans quelques jours, l’Ordre des médecins apportera sa contribution au débat lors de la prochaine session plénière au moyen d’un livre blanc visant à apprécier « la conformité de nouvelles prestations médicales en ligne au regard de la déontologie » et cela quelques semaines après la polémique créée par le site internet deuxièmeavis.fr permettant aux patients atteints d’une « maladie grave, rare ou invalidante » ou devant subir « un traitement lourd ou une opération » d’obtenir « un deuxième avis médical, en moins de sept jours » auprès de médecins experts et moyennant la somme de 295 euros. Déjà, de multiples autres plateformes internet fleurissent permettant de contacter des professionnels de santé et de recevoir un conseil médical en ligne. Quand on sait que les sujets médicaux figurent parmi les thèmes les plus consultés sur internet, il ne suffira pas de décréter que la santé n’est pas un commerce pour empêcher l’économie numérique de jeter son dévolu sur ce secteur quitte à en bouleverser tous les modèles.

Vers la vie éternelle ?
Au-delà des enjeux de cette médecine personnelle, connectée, prédictive et co-créée, les nouvelles technologies pourraient également permettre de prolonger la vie en bonne santé, et même de la régénérer en permanence. Un ensemble de progrès dans les connaissances et les techniques biologiques permet à la médecine de commencer à envisager l’impensable ; à savoir repousser les ravages de la maladie. Que l’on songe à la création d’organes artificiels (fabriqués à partir d’une imprimante 3D) en utilisant des cellules souches modifiées dans lesquelles on intégrera l’ADN de la personne (écartant tout problème de rejet), ou encore à des interventions entrainant des modifications génétiques dans notre organisme pour prévenir et/ou guérir les maladies… et c’est l’un des plus vieux rêves de l’Humanité, celui de l’immortalité, qui pourrait se réaliser. C’est ce pari prométhéen que Google, via de l’un de ses fondateurs, Serguei Brin, tente d’accomplir. En investissant des sommes colossales pour racheter des entreprises de biologie, Google Life Sciences développe de nombreux projets destinés à trouver de nouvelles thérapies conte le diabète, le cancer ou les maladies neurologiques. Ce laboratoire consacre également une part importante de son budget à des travaux sur les nanotechnologies et la génétique partant du constat que le champ du possible ouvert par l’ADN est immense car il permet d’identifier les causes de nombreuses maladies et partant de rendre possible le transhumanisme, mouvement incarné chez Google par Ray Kurzweil, père de l’intelligence artificielle et « pape » de cette idée qui cherche à réaliser des humains "augmentés" par la technologie.

À qui les patients feront-ils confiance pour passer le cap de cette révolution numérique appliquée à la santé ? Quel rôle doit jouer les médecins pour collaborer avec les machines ? Cette transhumanité rêvée par les uns est-elle réellement envisageable et souhaitable ?... tels sont les enjeux de cette révolution technologique appliquée à la santé et à l’avenir de l’Homme. Comme le dit Cécile Monteil, jeune médecin férue de nouvelles technologies, "Le problème ce ne sont pas les machines, mais les singes qui sont derrière "